Voyage en Algérie : du désert à la Méditerranée

by ferhat87

Pourquoi visiter l’Algérie ?

Plus grand pays d’Afrique par sa superficie (près de 2,4 millions de km²), l’Algérie déploie des paysages d’une diversité exceptionnelle. Des côtes méditerranéennes baignées de soleil aux dunes infinies du Sahara, en passant par des massifs montagneux verdoyants et des villes historiques, un voyage en Algérie promet une aventure unique.

Loin des foules touristiques, le pays offre une expérience authentique : l’accueil chaleureux de ses habitants, héritiers d’une tradition d’hospitalité, permet aux voyageurs occidentaux comme aux touristes maghrébins de se sentir rapidement chez eux. Pourquoi visiter l’Algérie ? Pour découvrir un trésor méconnu du Maghreb, riche d’une histoire millénaire (romaine, berbère, arabe, ottomane et française) et d’une culture vibrante.

Que ce soit pour admirer des ruines antiques classées à l’UNESCO, randonner dans le désert du Sahara sous un ciel étoilé d’une pureté rare, ou déguster un couscous traditionnel entouré de nouvelles connaissances, l’Algérie saura vous séduire. Ce guide pratique vous accompagne pas à pas – intention commerciale : vous donner envie de faire vos valises dès maintenant, et intention navigationnelle : vous fournir toutes les informations pour organiser votre voyage en toute sérénité.

Les grandes villes à visiter

Les métropoles algériennes incarnent l’âme du pays, mêlant héritage historique et modernité. Chaque grande ville possède une identité propre, façonnée par les siècles et les influences culturelles variées. Voici les villes incontournables d’un voyage en Algérie, où débuter votre immersion.

Alger, la blanche

Capitale trépidante et plus grande ville du pays, Alger séduit par son contraste entre passé et présent. Surnommée Alger la blanche pour la teinte claire de ses façades dominant la baie, la ville offre un riche patrimoine. Flânez dans la Casbah d’Alger, médina labyrinthe classée UNESCO, aux ruelles escarpées regorgeant de maisons ottomanes et de petites échoppes artisanales. C’est ici qu’eut lieu la célèbre Bataille d’Alger pendant la guerre d’indépendance – on y ressent encore l’histoire à chaque coin de rue. Plus bas, sur le front de mer, s’étend la ville moderne aux larges boulevards bordés d’immeubles coloniaux de style néo-mauresque et art déco.

Ne manquez pas la Basilique Notre-Dame d’Afrique, qui surplombe la baie, ni le Mémorial du Martyr (Maquam E’chahid), monument imposant commémorant les martyrs de la liberté. Alger, c’est aussi une vie culturelle intense : musées (le Musée du Bardo, le MAMA d’art moderne), galeries d’art, scènes musicales… En soirée, rendez-vous dans un restaurant traditionnel du quartier de Hydra ou de Bab El Oued pour déguster un tajine ou un couscous, et laissez-vous gagner par l’énergie de cette capitale aux mille visages.

Oran, entre traditions et modernité

Deuxième ville du pays par sa taille, Oran est le grand port de l’ouest algérien. Dynamique et festive, elle est considérée comme la capitale du raï, musique populaire née dans ses quartiers (c’est la ville de Cheb Khaled, icône du raï). Surnommée Wahran El Bahia (« Oran la radieuse »), elle charme les visiteurs par son atmosphère méditerranéenne.

Le front de mer d’Oran, avec son boulevard de l’ALN, rappelle légèrement la Corniche de Marseille – palmiers, cafés en terrasse et vue sur la grande bleue. Sur les hauteurs veille le fort de Santa Cruz, bâtisse espagnole du 16ᵉ siècle reliée à une chapelle, d’où l’on embrasse un panorama grandiose sur la baie d’Oran. En redescendant, baladez-vous dans le quartier de Sidi El Houari, la vieille ville aux ruelles étroites, pour admirer le mélange d’architecture hispano-mauresque et de bâtiments coloniaux français.

Le soir, Oran s’anime dans les restaurants de poissons et les clubs où l’on danse au son du raï. Ne quittez pas la ville sans avoir goûté une bouillabaisse oranaise ou un plat d’chorba locale, et sans un détour par les plages d’Aïn El Turk à quelques kilomètres, prisées en été pour une baignade rafraîchissante.

Constantine, la cité des ponts suspendus

Perchée spectaculairement au sommet de falaises calcaires, Constantine (appelée Cirta à l’Antiquité) est l’une des plus anciennes villes du monde. Surnommée la ville des ponts, elle est célèbre pour ses ponts suspendus vertigineux qui enjambent les gorges du Rhumel. Traverser le pont Sidi M’Cid, à 175 mètres au-dessus du ravin, est une expérience inoubliable (vertige s’abstenir !).

Constantine fut la capitale du royaume numide sous le roi Massinissa, puis rebaptisée du nom de l’empereur romain Constantin. Son riche passé se découvre en arpentant la vieille ville aux ruelles sinueuses, abritant le Palais du Bey aux élégantes arcades et la mosquée Emir Abdelkader à l’architecture moderne majestueuse. Les musées de la ville exposent mosaïques romaines et art traditionnel.

Prenez le temps de déguster la spécialité constantinoise, le ropat (une pâtisserie au miel et sésame), dans un des cafés panoramiques sur les hauteurs. Aux alentours, le site de Tiddis (ruines romaines) ou les gorges de Khroumirie offrent d’autres excursions. Ville de culture et d’histoire, Constantine permet de ressentir l’Algérie authentique de l’Est, avec son ambiance plus paisible et ses panoramas époustouflants.

Tlemcen, la perle andalouse

À l’extrême nord-ouest, non loin de la frontière marocaine, Tlemcen est une ville d’art et d’histoire souvent surnommée la Grenade africaine. Ancienne capitale d’un sultanat au Moyen Âge, elle a hérité d’un patrimoine hispano-mauresque remarquable. Flânez dans les jardins du Mechouar, l’ancien palais royal, puis admirez la Grande Mosquée de Tlemcen (XIᵉ siècle) connue pour son mihrab finement décoré et ses arcs en fer à cheval rappelant l’Andalousie.

Non loin, les ruines de Mansourah dévoilent les vestiges d’une cité médiévale avec un minaret solitaire se dressant vers le ciel. Laissez-vous envahir par la sérénité de la ville en écoutant une nouba de musique arabo-andalouse, genre musical raffiné dont Tlemcen est un haut lieu. La ville est également réputée pour son artisanat : tapis, broderies au fil d’or (fauta) et djellabas traditionnelles remplies de finesse ornent les échoppes du souk.

En dégustant un thé à la menthe accompagné de baklawa (pâtisserie aux amandes et miel) sur une placette, vous apprécierez la douceur de vivre de Tlemcen. Les amoureux de nature pourront aussi faire une escapade jusqu’aux chutes d’el-Ourit ou au parc national de Tlemcen (plateau de Lalla Setti) offrant des vues imprenables. Tlemcen, moins connue des circuits touristiques, est un joyau discret qui ravira les passionnés de culture et d’authenticité.

(D’autres villes méritent le détour, comme Béjaïa la côtière nichée entre mer et montagnes kabyles, ou Annaba à l’est avec sa basilique Saint-Augustin et ses plages. Selon le temps dont vous disposez, n’hésitez pas à ajouter une étape urbaine supplémentaire à votre itinéraire.)

Le désert du Sahara : immensités et oasis

Voyager en Algérie ne serait pas complet sans découvrir le Sahara, le plus grand désert chaud du monde, qui recouvre plus de 80 % du territoire algérien. Le Sud algérien offre des paysages sahariens à couper le souffle : dunes dorées à perte de vue, massifs montagneux aux formes fantastiques, oasis verdoyantes surgissant au milieu de l’aridité.

C’est un monde à part, où le silence règne et où les nuits dévoilent un ciel constellé d’étoiles filantes. Pour les voyageurs occidentaux comme pour les touristes maghrébins, l’expérience du désert algérien est souvent le moment fort du séjour. Cependant, elle se mérite : les distances sont longues et les conditions extrêmes, il est donc impératif de bien préparer ces étapes (idéalement avec une agence locale ou un guide expérimenté).

Voici les principales régions désertiques à explorer lors d’un voyage en Algérie, chacune avec son caractère unique.

Le Hoggar et Tamanrasset

Au cœur du Sahara central s’élève le massif du Hoggar (Ahaggar en berbère), un ensemble de montagnes volcaniques aux reliefs spectaculaires. Point de départ obligé, la ville de Tamanrasset (également appelée Tam) est une oasis animée entourée de montagnes, qui fut jadis une halte importante sur les routes caravanières du sel et de l’or. Aujourd’hui encore, on y croise des Touaregs en chèche bleu vendant de l’artisanat en argent et des bijoux en pierre d’Agadez.

Depuis « Tam », une excursion incontournable mène à l’Assekrem, plateau perché à 2 700 m d’altitude d’où l’on contemple l’un des plus beaux levers de soleil au monde. C’est ici que le père Charles de Foucauld, ermite français, construisit un ermitage en 1911 pour méditer face à l’immensité désertique. Le spectacle de l’aube illuminant les pics déchiquetés du Hoggar est inoubliable : les pitons rocheux prennent une teinte orangée et projettent des ombres éthérées sur les regs (déserts de cailloux).

La région offre d’autres merveilles, comme les étonnantes formes d’orgues basaltiques du massif de l’Atakor ou l’oasis de Hirafok. Côté aventure, vous pouvez parcourir en 4×4 les pistes sahariennes, ou même faire des randonnées chamelières accompagnées de guides touaregs pour approcher au plus près la vie nomade. Le soir, autour d’un feu de camp sous la Voie lactée, partagez un thé à la menthe préparé selon la tradition (trois infusions successives, symbolisant la vie, l’amour, la mort) et écoutez les contes et légendes du désert.

Le Hoggar est un monde minéral d’une grande pureté, qui offre un sentiment de liberté absolue. (Conseil : les nuits peuvent y être très froides en hiver, pensez à apporter des vêtements chauds malgré la chaleur du jour.)

Le Tassili n’Ajjer et Djanet

À l’extrême sud-est du pays, à la frontière avec la Libye et le Niger, s’étend le Tassili n’Ajjer, un immense plateau rocheux classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses trésors préhistoriques. Cette région, dont le nom signifie « plateau des cours d’eau » en tamahaq (langue touarègue), abrite en effet l’une des plus grandes concentrations d’art rupestre au monde. Plus de 15 000 dessins et gravures ornent les parois des canyons et des grottes du Tassili, témoignant de la vie il y a des millénaires, à une époque où le Sahara était vert et peuplé de troupeaux d’animaux et de communautés humaines. La petite ville-oasis de Djanet, surnommée la perle du Tassili, sert de base pour explorer ces merveilles.

Depuis Djanet, partez en excursion en 4×4 vers des sites légendaires comme Jabbaren ou Sefar pour admirer des peintures rupestres figurant éléphants, girafes, scènes de chasse et étranges figures humaines (les mystérieux « grands dieux marsupiaux » découverts par l’explorateur Henri Lhote). Outre la dimension culturelle, le Tassili offre des paysages surréalistes : forêts de rochers aux formes fantastiques, arches naturelles sculptées par l’érosion (dont la célèbre arche d’Afzedzou), et bien sûr des dunes ocre s’étendant à l’infini dans l’erg Admer voisin.

L’accès à certaines zones du Tassili se fait à pied avec des guides, en bivouacant dans des chapadas (plateaux) isolés – une aventure hors du temps qui vous reconnecte aux origines de l’humanité. Après une journée de marche dans le sable, quel plaisir de s’allonger la nuit tombée sur la dune, sous un ciel d’une clarté absolue, et de contempler les étoiles filantes ! On comprend pourquoi les Touaregs appellent si poétiquement le Tassili « jardin d’Allah ». (Note : les circuits dans le Tassili requièrent un permis spécial et la présence d’un guide agréé, une formalité qu’une agence locale se chargera généralement d’organiser.)

La vallée du M’Zab (Ghardaïa)

Autre visage du Sahara algérien, la vallée du M’Zab offre une rencontre fascinante entre le désert et l’urbanisme traditionnel. Située à environ 600 km au sud d’Alger, cette vallée aride abrite un ensemble de cinq villes-oasis fortifiées fondées au Xe siècle par une communauté berbère ibadite (minorité musulmane). Ghardaïa est la plus connue de ces cités inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, aux côtés de Mélika, Beni-Isguen, El-Ateuf et Bou Noura. En arrivant, on est frappé par l’architecture unique des ksour du M’Zab : des maisons cubiques en terre ocre blottie en cercles concentriques autour d’une mosquée au minaret tronconique, le tout parfaitement adapté au climat extrême.

Promenez-vous dans la vieille ville de Ghardaïa pour admirer les portes colorées et les ruelles proprettes (chaque quartier dispose d’un système ingénieux de collecte d’eau et de ventilation naturelle). Le mode de vie des Mozabites est très traditionnel et pieux : par exemple, à Beni-Isguen, la plus conservatrice, les visites sont limitées à certaines heures et la photographie est réglementée afin de respecter la pudeur des habitants. Accompagné d’un guide local, vous pourrez visiter le marché de Ghardaïa réputé pour ses tapis en laine aux motifs géométriques et ses dattes (les “deglet nour” du M’Zab sont parmi les meilleures au monde).

À la tombée du jour, la vallée revêt des teintes dorées sublimes et le chant du muezzin résonne dans le silence du désert. Le M’Zab offre une expérience culturelle authentique : c’est un retour dans le temps au cœur d’une société qui a préservé ses coutumes communautaires depuis plus de mille ans. (Astuce : en signe de respect, adoptez une tenue vestimentaire modeste dans ces villes, et n’hésitez pas à engager la conversation – en français, largement compris – avec les habitants, très accueillants avec les voyageurs curieux de leur culture.)

Littoral méditerranéen : plages et nature

Avec ses 1200 km de côtes méditerranéennes s’étirant de la frontière tunisienne à la frontière marocaine, l’Algérie offre de nombreuses possibilités de détente balnéaire et de découvertes naturelles en bord de mer. Certes moins connues que les stations balnéaires voisines de Tunisie, les plages algériennes n’en restent pas moins charmantes, souvent sauvages et peu fréquentées par les touristes étrangers. Si vous voyagez en été, une étape sur le littoral sera appréciable pour se rafraîchir.

À l’ouest, non loin d’Oran, la côte recèle de jolies plages de sable fin comme Les Andalouses ou Madagh – idéales pour la baignade, avec possibilité de pratiquer plongée sous-marine et jet-ski. La Corniche oranaise est parsemée de criques et de falaises où se nichent des restaurants de poissons frais (goûtez aux sardines grillées ou à la soupette oranaise, une soupe de poisson relevée). En remontant vers la capitale, la côte de Mostaganem à Tipaza offre également de beaux panoramas : arrêt conseillé à Sidi Fredj, péninsule historique où débarquèrent les Français en 1830, aujourd’hui port de plaisance et complexe touristique avec plage aménagée.

Plus à l’est, la côte kabyle autour de Béjaïa est un véritable coup de cœur pour les amoureux de nature : les montagnes du Gouraya plongent dans la mer, offrant des plages intimes et de superbes sentiers de randonnée (ne manquez pas le cap Carbon avec son vieux phare – un des plus hauts d’Afrique – et ses singes magots en liberté). La région de Jijel recèle aussi des trésors, telle la grotte merveilleuse de Ziama Mansouriah ou les criques aux eaux turquoise de Kalmita. En allant vers l’extrême est, la ville d’Annaba propose un agréable mix entre visite culturelle (ruines de l’antique Hippone et basilique Saint-Augustin) et baignade sur la plage de Chappui.

Le littoral algérien est également riche en sites naturels protégés, comme le parc national d’El Kala (zone humide abritant flamants roses et lacs côtiers) ou les plaines marécageuses de la Macta (refuge pour les oiseaux migrateurs). Pour les amateurs d’écotourisme, certaines associations organisent des sorties d’observation de la faune marine (dauphins au large d’Oran, corail du côté d’El Kala). Globalement, la côte est sûre et agréable pour les voyageurs ; les familles algériennes y pique-niquent volontiers le week-end. Profitez de ces moments pour échanger, goûter aux fruits de mer locaux (crevettes de Collo, oursins de Tipaza) et vous relaxer avant de poursuivre vos aventures à l’intérieur du pays.

Trésors historiques et culturels

Terre de convergence de multiples civilisations, l’Algérie possède un patrimoine historique d’une richesse exceptionnelle. Du site préhistorique aux ruines romaines, de la médina médiévale aux monuments de l’époque coloniale, chaque étape de votre voyage en Algérie peut être l’occasion d’une plongée dans le passé. Voici quelques-uns des hauts lieux historiques et culturels à ne pas manquer, véritables témoins des anecdotes marquantes de l’histoire algérienne.

Tipasa : ruines antiques au bord de la mer

Ancien comptoir phénicien puis colonie romaine prospère, Tipasa (ou Tipaza) est l’un des sites archéologiques les plus envoûtants du pays. Imaginez des ruines antiques disséminées au milieu des pins d’Alep et des fleurs sauvages, le tout surplombant les eaux bleues de la Méditerranée – le cadre est magique. Situé à 70 km à l’ouest d’Alger, Tipasa est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982.

On y découvre les vestiges d’une cité romaine florissante : amphithéâtre, thermes, forum, basilique chrétienne et villas décorées de mosaïques. Suivez le sentier côtier jusqu’au Nymphée (sanctuaire des nymphes) et au cimetière royal où subsistent des mausolées, tout en profitant de la brise marine. Ce lieu a inspiré l’écrivain Albert Camus qui, dans son essai Noces à Tipasa, célébrait la beauté des lieux et la fusion de la mer et des ruines (« ici, je comprends ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure », écrivit-il en substance).

Après la visite, vous pouvez vous attabler dans un restaurant de poisson grillé avec vue sur le site, pour savourer ce mélange unique d’histoire et de douceur de vivre. À quelques kilomètres de là se trouve le Tombeau de la Chrétienne (Mausolée royal de Maurétanie), monument funéraire en forme de tumulus où auraient été inhumés un roi berbère et la princesse Cléopâtre Séléné (fille de Cléopâtre et Marc Antoine). Une anecdote locale veut que le nom “Tombeau de la Chrétienne” vienne de la croix formée par la porte du monument – n’hésitez pas à demander la légende aux gardiens du site. Tipasa offre ainsi un voyage dans le temps, au croisement des influences puniques, romaines et chrétiennes, le tout dans un décor balnéaire idyllique.

Timgad : la « Pompéi de l’Afrique »

Perdue sur les hauts plateaux des Aurès, à près de 1 100 m d’altitude, Timgad impressionne par son état de conservation exceptionnel. Fondée en l’an 100 ap. J.-C. par l’empereur Trajan, cette cité romaine (Thamugadi de son nom antique) a émergé des sables après des siècles d’oubli, ce qui lui a valu le surnom évocateur de Pompéi de l’Afrique. En arpentant son plan en damier presque intact, on se figure aisément la vie quotidienne des habitants il y a 1 900 ans. La visite débute souvent par le decumanus maximus (voie principale) menant à l’imposant arc de Trajan qui marque l’entrée triomphale de la ville. De là, on rejoint le forum où fut découverte une inscription latine pleine d’hédonisme : « Chasser, se baigner, jouer, rire : c’est ça la vie ! », gravée par un Romain anonyme sur une dalle​.

Ce témoignage insolite prête à sourire et rend la cité étrangement familière à nos yeux modernes. Tout autour, on explore les ruines de la bibliothèque (les rangements de rouleaux sont encore visibles), du théâtre de 3 500 places remarquablement bien conservé, des thermes et du Capitole avec ses colonnes majestueuses. Inscrit à l’UNESCO en 1982, Timgad est un paradis pour les passionnés d’archéologie et de photographie – les jeux d’ombre et de lumière au coucher du soleil y sont sublimes. Pensez à grimper la colline voisine pour embrasser du regard l’ensemble du site aligné au cordeau, entouré de montagnes arides à l’horizon. Une page glorieuse de l’histoire romaine d’Afrique du Nord revit ici, dans le silence du désert. (Conseil : prévoyez de l’eau et un chapeau lors de la visite, le soleil tape fort et le site, assez étendu, n’offre que peu d’ombre.)

Djemila : cité romaine dans les montagnes

Autre joyau archéologique algérien, Djemila (qui signifie la belle en arabe) porte bien son nom. Nichées dans un paysage verdoyant de moyenne montagne à environ 900 m d’altitude, ces ruines romaines (anc. Cuicul) offrent un spectacle saisissant, notamment au printemps quand les fleurs tapissent le site. Classée à l’UNESCO en 1982, Djemila fut fondée au 1er siècle ap. J.-C. et devint une florissante ville de garnison romaine. En parcourant les vestiges de ses forums, de ses temples et de ses quartiers résidentiels, on est frappé par l’harmonie qui se dégage entre les vieilles pierres et la nature environnante.

Le forum Severus est entouré de colonnes élancées, le temple de Vénus Genitrix dresse encore fièrement ses piliers corinthiens, tandis que le théâtre adossé à la colline pouvait accueillir 3 000 spectateurs avec vue sur la vallée. Ne manquez pas le Musée de Djemila, qui abrite l’une des plus belles collections de mosaïques romaines d’Afrique du Nord. Les mosaïques polychromes, extraites des luxueuses demeures de l’ancienne Cuicul, représentent des scènes mythologiques, de chasse ou de vie quotidienne avec une finesse remarquable – mention spéciale à celle de Bacchus couronnant les saisons ou à la mosaïque dite de l’Igilgili (hommage à la ville de Jijel).

Une anecdote touchante : on a retrouvé sur le site des inscriptions funéraires bilingues en latin et en punique, témoignant de la diversité culturelle de la population de Djemila. Le village moderne adjacent propose quelques échoppes où acheter des souvenirs et se rafraîchir d’une limonade. Djemila est moins fréquentée que Tipasa ou Timgad, ce qui ajoute au charme de la visite – il n’est pas rare d’y être quasiment seul face aux vestiges, avec pour seule compagnie le chant du vent dans les cyprès. Un moment de contemplation historique à savourer, dans la quiétude des montagnes algériennes.

(Bien d’autres trésors historiques jalonnent l’Algérie, comme la Casbah d’Alger évoquée plus haut, le palais Ahmed Bey à Constantine, ou les ruines de la Qal’aa des Beni Hammad (première capitale islamique médiévale du pays). En fonction de vos centres d’intérêt, votre périple pourra vous mener sur les traces de Saint Augustin à Hippone, de l’émir Abdelkader à Miliana, ou encore sur les champs de bataille de la guerre d’indépendance. L’Algérie est un livre d’Histoire grandeur nature.)

Conseils pratiques pour organiser son voyage en Algérie

Après vous avoir fait rêver, passons à l’aspect concret. Comment organiser un voyage en Algérie réussi, que vous veniez d’Europe ou d’un pays du Maghreb ? Voici des conseils pratiques pour répondre aux questions logistiques et préparer sereinement votre séjour. Cette section aborde les formalités (visas), la sécurité, les transports, l’hébergement, la gastronomie locale, ainsi que le climat et la meilleure période pour partir.

(Bon à savoir : la langue nationale est l’arabe, mais le français est largement compris et parlé dans tout le pays, ce qui facilite grandement la communication avec les habitants. L’anglais, en revanche, n’est pas encore très répandu en dehors de certains hôtels haut de gamme, pensez donc à réviser quelques bases de français pour votre voyage.)

Visas et formalités d’entrée

Les conditions d’entrée en Algérie varient selon votre nationalité. Les voyageurs munis d’un passeport occidental (France, Belgique, Canada, etc.) doivent obtenir un visa touristique avant le départ, auprès d’un consulat d’Algérie. La procédure implique généralement de fournir un formulaire, des photos d’identité, une assurance voyage et une preuve d’hébergement (réservation d’hôtel ou lettre d’invitation d’un hôte en Algérie).

La durée habituelle du visa est de 30 à 90 jours. Les frais consulaires tournent autour de 85 € pour un visa court séjour. Il est conseillé de s’y prendre à l’avance (délai d’obtention d’environ 2 à 3 semaines). Exception : les ressortissants de certains pays voisins sont exemptés de visa pour des séjours touristiques de moins de 90 jours – c’est le cas notamment des citoyens de Tunisie, Maroc, Libye, Mali, Mauritanie et Seychelles​. Par exemple, un Tunisien ou un Marocain peut voyager en Algérie sans visa (muni seulement de son passeport) et y séjourner jusqu’à 3 mois.

Bonne nouvelle également pour les amateurs d’aventure saharienne : depuis 2023, l’Algérie a assoupli les formalités d’entrée pour le Grand Sud. Si vous réservez un circuit organisé dans le Sahara auprès d’une agence de voyage agréée, vous pouvez bénéficier d’un visa délivré à l’arrivée (visa « on arrival ») dans les aéroports du Sud ou aux postes frontaliers concernés​. Ce visa spécial, valable 30 jours, est réservé aux touristes se rendant exclusivement dans les wilayas sahariennes (Tamanrasset, Djanet/Illizi, Adrar, Timimoun, etc.) dans le cadre d’un voyage encadré.

Concrètement, l’agence s’occupe de demander une autorisation préalable ; vous n’avez plus qu’à récupérer le visa à votre arrivée en payant les frais sur place. Cette mesure vise à encourager le tourisme saharien et à lever un frein administratif important. En dehors de ce dispositif, retenez qu’un visa classique demeure obligatoire pour la plupart des voyageurs non maghrébins entrant en Algérie – voyager sans visa entraînerait un refus d’entrée. Assurez-vous donc d’être en règle côté papiers.

Derniers points : votre passeport doit être valide au moins 6 mois après la date d’entrée dans le pays. Aucune vaccination spécifique n’est exigée (mise à jour du carnet de vaccinations universelles recommandée). Pensez à souscrire une assurance voyage couvrant les frais médicaux et le rapatriement, par précaution. Enfin, à l’arrivée, vous devrez remplir une courte fiche de renseignements (donnée dans l’avion ou sur place) et éventuellement déclarer les devises si vous transportez l’équivalent de plus de 1 000 €. La monnaie locale est le dinar algérien (DZD) – il n’est pas exportable, prévoyez d’échanger des euros/dollars sur place (bureaux de change ou banques) et conservez vos bordereaux de change qui pourraient être demandés à la sortie du territoire.

Sécurité et sûreté

La question de la sécurité revient souvent chez les voyageurs envisageant l’Algérie, en raison du passé troublé des années 1990. Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée et le pays est globalement sûr pour les touristes qui respectent les consignes de base. Les grandes villes (Alger, Oran, etc.) et les sites touristiques font l’objet d’une présence policière importante, garantissant un haut niveau de sécurité. Il n’est pas rare que les étrangers soient abordés de manière bienveillante par les autorités pour s’assurer que tout va bien.

La criminalité visant les visiteurs est rare : on recense peu de vols ou d’agressions contre les touristes. Néanmoins, comme partout, il convient d’observer une vigilance minimale contre les pickpockets dans les foules (marchés, gares) et de ne pas exhiber des objets de valeur de façon ostentatoire.

Pour les déplacements dans le Sahara, il est obligatoire (et logique) de passer par des circuits encadrés ou d’informer les autorités de votre itinéraire si vous voyagez en solo en véhicule. Certaines zones du Sahara proche des frontières malienne, nigérienne ou libyenne restent interdites ou fortement déconseillées en raison de risques résiduels (groupes criminels ou terroristes isolés). Renseignez-vous sur les zones autorisées ; en général les wilayas touristiques classiques (Tamanrasset, Djanet, Timimoun) sont sécurisées dès lors que vous restez sur les circuits balisés et accompagnés de guides.

Évitez absolument de vous aventurer seul et sans guide dans le désert, tant pour des raisons de sécurité (orientation, panne) que de réglementation – des postes de contrôle (gendarmerie) existent sur les axes routiers sahariens et pourraient vous intercepter si vous n’avez pas d’autorisation.

Sur le plan sanitaire, l’Algérie ne présente pas de danger particulier : pas de paludisme dans les zones touristiques classiques, une eau potable généralement traitée dans les villes (mais on privilégiera l’eau minérale en bouteille scellée pour éviter tout risque de tourista). En été, attention aux coups de chaleur dans le Sud et aux déshydratations : buvez très régulièrement et protégez-vous du soleil.

En hiver, prévoyez des vêtements chauds pour le désert car les écarts de température jour/nuit sont importants. Côté circulation routière, la prudence est de mise : la conduite algérienne peut être sportive, les routes de montagne sinueuses, et il y a de nombreux contrôles de police ou gendarmerie (ralentissez impérativement aux barrages routiers). Si vous conduisez, ne roulez pas la nuit sur de longues distances hors agglomération.

Enfin, respectez les usages locaux pour éviter tout problème : évitez de photographier des personnes (surtout des femmes) sans autorisation, ne prenez pas en photo les installations militaires, bâtiments officiels ou policiers/soldats (cela peut vous valoir une confiscation de l’appareil voire des ennuis). Durant le Ramadan (mois de jeûne musulman), par courtoisie évitez de boire ou manger ostensiblement en public en journée.

En suivant ces conseils, vous constaterez que l’Algérie est un pays accueillant où l’on se sent vite en confiance. De nombreux visiteurs témoignent de l’hospitalité spontanée des Algériens, toujours prêts à aider ou à engager la conversation. Profitez-en, car c’est souvent dans ces échanges humains que naissent les plus beaux souvenirs de voyage !

Transports : se rendre en Algérie et déplacements internes

Venir en Algérie : La voie la plus pratique est l’avion. Alger dispose d’un grand aéroport international (Houari Boumédiène) desservi par des vols directs depuis de nombreuses villes d’Europe (Paris, Marseille, Bruxelles, Genève, Londres…) et quelques liaisons depuis l’Amérique du Nord ou le Moyen-Orient. Oran, Constantine, Annaba et d’autres villes ont également des vols internationaux directs notamment vers la France. La compagnie nationale Air Algérie assure l’essentiel des liaisons, aux côtés d’Air France, Transavia, Vueling, Turkish Airlines, etc. Les tarifs peuvent être attractifs hors saison (comptez 150–300 € A/R depuis l’Europe en moyenne). Une autre option est le bateau : des ferries réguliers relient Marseille à Alger ou Oran, Alicante à Oran, etc., gérés par Algérie Ferries ou Corsica Linea (la traversée dure environ 20 h).

Cela peut être intéressant si vous voyagez avec un véhicule ou beaucoup de bagages, mais l’avion reste plus rapide. Pour les voyageurs maghrébins, notons que la frontière terrestre avec le Maroc est fermée (pas de passage possible), tandis que la frontière avec la Tunisie est ouverte et praticable en voiture/autocar (postes de Taleb Larbi ou Oum Tboul par exemple).

Se déplacer en Algérie : Étant donné les grandes distances (Alger-Tamanrasset = 1 900 km !), il peut être judicieux de prendre des vols internes pour relier les points éloignés. Air Algérie et Tassili Airlines desservent un réseau domestique dense : par exemple Alger-Oran (45 min de vol), Alger-Constantine, Alger-Ghardaïa, Alger-Janet, Oran-Tamanrasset, etc. Les prix intérieurs sont relativement abordables (entre 50 et 150 € selon la distance).

La réservation à l’avance est recommandée. Pour admirer le paysage et vivre l’aventure au sol, le réseau routier est la colonne vertébrale du pays. Les routes nationales sont correctes et l’autoroute Est-Ouest relie désormais la frontière tunisienne à la frontière marocaine en passant par Alger, facilitant les trajets entre grandes villes du Nord. Des compagnies de bus confortables (climatisés) proposent des liaisons interurbaines à petit prix : exemple, un Alger-Oran en bus de nuit coûte une dizaine d’euros pour ~5h de route. Les bus sont le moyen de transport public le plus utilisé localement.

Il existe aussi quelques lignes ferroviaires gérées par la SNTF : Alger-Oran (train Corail ~4h30), Alger-Constantine (~7h), voire des trains de nuit Alger-Bechar ou Oran-Bechar pour rejoindre le Sud-Ouest. Le train est sûr et bon marché, mais moins développé qu’en Europe.

Pour plus de liberté, vous pouvez louer une voiture (agences présentes à l’aéroport d’Alger et dans les grandes villes). La conduite se fait à droite, comme en France. Louer une voiture peut être intéressant pour explorer une région (par exemple la Kabylie autour de Tizi Ouzou, ou faire la route des villes romaines du Nord-Est). Évitez cependant de conduire dans Alger même – les embouteillages sont légendaires et le code de la route parfois sportif pour un non-initié.

Une bonne alternative en ville est de recourir aux taxis : abondants et peu coûteux. À Alger, il y a des taxis officiels (jaunes) à compteur et des taxis informels (blancs) avec lesquels il faut négocier le prix avant de monter. Des applications de VTC locales existent aussi (Yassir, TemTem). Alger dispose d’un métro moderne (une ligne pour l’instant) et d’un tramway qui facilitent les déplacements intra-muros, tandis qu’Oran, Constantine et Sidi Bel Abbès ont également des lignes de tramway utiles pour traverser la ville rapidement.

Si votre itinéraire comprend le Sahara, sachez que les déplacements y sont très spécifiques : souvent, votre agence ou votre guide se chargera de votre transport (en 4×4 tout-terrain) car les distances sont longues et beaucoup de routes se transforment en pistes. Il n’y a pas de transport en commun dans le désert en dehors de quelques bus reliant les grandes oasis entre elles. Par exemple, un bus relie Alger à Tamanrasset (plus de 30 h de trajet à travers le désert ! réservé aux plus endurants).

La plupart des voyageurs préfèrent prendre un vol Alger-Tamanrasset puis continuer en véhicule 4×4 avec chauffeur/guides pour explorer le Hoggar, idem pour Djanet/Tassili. Astuce : sur de longues distances en bus, emportez de l’eau et de quoi grignoter, et n’hésitez pas à échanger avec vos voisins – la convivialité rendra le trajet plus agréable et on vous offrira peut-être des gourmandises à partager.

Hébergement : où dormir ?

L’Algérie développe progressivement ses infrastructures touristiques, mais l’offre d’hébergement reste inégale selon les régions. Dans les grandes villes (Alger, Oran, Constantine), vous trouverez un choix correct d’hôtels de différentes catégories. Alger offre des établissements de luxe (Sheraton Club des Pins, Sofitel Hamma Garden, hôtel El Aurassi…) fréquentés par hommes d’affaires et diplomates, ainsi que des hôtels milieu de gamme convenables dans le centre (Hôtel Samir, Suisse, ST Hôtel, etc.).

Les prix des hôtels de standing international peuvent être élevés (150-200 € la nuit), tandis que des hôtels 2-3 étoiles locaux proposent des tarifs autour de 50-80 € la nuit. Les plateformes de réservation en ligne comme Booking.com ou Expedia référencent un certain nombre d’établissements, principalement dans les grandes villes. Oran dispose aussi de quelques beaux hôtels (Royal Hotel dans un style mauresque, Sheraton Oran avec vue mer) et de nombreuses pensions plus simples. Constantine a vu ouvrir un Marriott haut de gamme sur les hauteurs, ainsi que des options plus modestes en centre-ville.

En dehors des grandes agglomérations, l’hébergement se limite souvent aux hôtels publics (souvent appelés Hôtel El-Djazair, El-Mouahidines, etc., gérés par l’état) d’un confort sommaire mais acceptable, et à de petites auberges. Dans les zones touristiques prisées comme Ghardaïa ou Timimoun, on trouve des auberges de charme et des maisons d’hôtes, souvent décorées dans le style local. Par exemple, à Ghardaïa, des gîtes traditionnels au sein d’anciennes maisons mozabites permettent de vivre au plus près du mode de vie local. À Timimoun, oasis du Gourara réputée pour son architecture rouge, il existe d’agréables maisons d’hôtes et un hôtel mythique, l’Oasis Rouge (ancien relais pour voyageurs du désert).

Djanet dispose de quelques campements touristiques (bungalows ou tentes aménagées) servant de base aux circuits dans le Tassili. Tamanrasset propose également des campements et petits hôtels (ex : relais Porte du désert) gérés par des agences locales – ne vous attendez pas au grand luxe, mais l’essentiel (lit, douche, repas) y est assuré, souvent dans une ambiance conviviale.

Une façon authentique de loger peut être d’opter pour la chez-l’habitant (chambre privée). L’hospitalité algérienne étant légendaire, si vous avez des contacts sur place ou si vous liez connaissance, il n’est pas rare d’être invité à passer la nuit au domicile d’une famille – expérience mémorable garantie autour d’un dîner en famille. Toutefois, par souci d’indépendance, la plupart des touristes préfèrent réserver un hébergement. Airbnb commence à se développer dans les grandes villes, avec des appartements à louer (pratique pour un séjour en famille ou en groupe d’amis).

Le camping sauvage, lui, est très peu pratiqué et peut être risqué (et interdit dans certaines zones), à l’exception de certains coins de nature dans le Nord où les locaux eux-mêmes vont camper lors de sorties pique-nique. Dans le Sud, on campe généralement dans le cadre d’un bivouac organisé, avec l’accord des autorités et l’accompagnement de guides.

Côté tarifs, l’Algérie est globalement moins chère que l’Europe : une chambre double en hôtel moyen de gamme coûte 40-60 € ; en auberge ou petit hôtel local, on peut descendre à 20-30 € la nuit. Le paiement se fait souvent en liquide (dinars) car les cartes bancaires ne sont pas acceptées partout (sauf grands hôtels). Prévoyez donc du cash pour régler vos notes. Enfin, notez que l’Algérie étant un pays à majorité musulmane, peu d’hôtels servent de l’alcool (seuls les grands hôtels internationaux ont parfois un bar).

De même, les couples non mariés peuvent se voir refuser une chambre commune dans certains établissements traditionnels – un passeport commun ou une alliance portée peut éviter des questions. Avec un peu de flexibilité et de planification, vous trouverez toujours un toit accueillant pour chaque étape de votre itinéraire en Algérie.

Cuisine locale et spécialités

Préparez vos papilles, car un voyage en Algérie est aussi une aventure culinaire haute en saveurs ! La cuisine algérienne, héritage des influences berbères, arabes, ottomanes et méditerranéennes, est généreuse et épicée juste comme il faut (moins piquante qu’en Asie, rassurez-vous). Le plat emblématique est bien sûr le couscous (seksou en dialecte), souvent élu plat préféré des Français d’origine maghrébine.

En Algérie, le couscous se déguste en famille le vendredi, garni de légumes du soleil (courgettes, carottes, potiron, pois chiches) et de mouton ou poulet, arrosé d’un bouillon parfumé au ras-el-hanout. Chaque région a sa variante : couscous d’orge chez les Kabyles, couscous sucré-salé aux raisins secs à Tlemcen, etc. Outre le couscous, vous trouverez de nombreux tajines (ragoûts mijotés) et plats en sauce : le tajine zitoune (aux olives et au poulet), le m’tewem (boulettes de viande hachée à l’ail), le chlita (ratatouille de poivrons et tomates) ou encore le lham lahlou (plat sucré de viande aux pruneaux et abricots, servi pendant le Ramadan).

En entrée, laissez-vous tenter par les bricks (appelés bouraks en Algérie) : feuilles croustillantes farcies à la viande hachée, à la purée de pommes de terre ou au thon et œuf, frites à la poêle, un délice croustillant souvent servi avec du citron. Autre must des snacks algériens : la kessra (galette de pain fine cuite sur un tajine en fonte), que l’on mange avec du zbida (beurre salé) ou trempée dans du miel pour le goûter.

Vous croiserez dans les villes des gargotes proposant des sandwichs merguez bien épicés, ou le fameux karantita (appelé aussi garantita) – un flan chaud à la farine de pois chiches servi dans du pain avec du cumin, originaire d’Oran, très apprécié comme street-food bon marché. Côté mer, les villes côtières offrent poissons et fruits de mer à profusion : essayez la tchouchouka de poissons (chorba aux petits poissons) à Annaba, ou la sardine farcie à Skikda.

Pour accompagner vos repas, rien de tel qu’un bon pain traditionnel : le matloue (galette levée cuite au tajine), le khobz edar (pain maison cuit au four, souvent orné de graines de nigelle) ou encore le msemmen (crêpe feuilletée) servi au petit-déjeuner avec du miel. Les boissons, sans alcool de préférence, tournent autour du thé et du café. Au Nord, on sirote du café fort à la turque ou à l’italienne (de nombreux cafés servent l’expresso bien serré, héritage français oblige, parfois aromatisé à l’eau de fleur d’oranger comme à Constantine).

Au Sud, le rituel du thé à la menthe est incontournable : sucré et servi plusieurs fois, il rythme les moments de repos à l’ombre d’une tente. En été, on trouve aussi des jus de fruits frais (jus d’orange pressé, de grenade, de figue de barbarie selon la saison) et des sodas locaux comme Hamoud (limonade) ou Selecto (soda au caramel très apprécié).

Bien que l’Algérie produise du vin (notamment dans la région d’Oran, ex vignoble de Mascara) et de la bière (brasserie Tango à Annaba), l’alcool est peu visible. Quelques bars existent dans les grandes villes et les hôtels internationaux proposent vins et bières, mais globalement la vie nocturne alcoolisée est limitée.

Gardez une place pour le dessert ou le goûter, car les douceurs algériennes valent le détour ! Les pâtisseries orientales rivalisent de goût et de beauté : baklavas feuilletées aux amandes et miel, makrout de semoule fourrés aux dattes et enrobés de miel, zalabia (beignets en spirale trempés de sirop, typiques de Boufarik), kalb el louz (gâteau de semoule à l’amande et à l’eau de rose, star des soirées ramadanesques). Avec un café noir, c’est un pur moment de plaisir.

En hiver, vous apprécierez aussi une orange de Médéa juteuse ou des dattes fraîches du Souf – la deglet nour, la “reine des dattes”, translucide et fondante, est l’un des produits fierté du pays. N’hésitez pas à goûter aux spécialités régionales au fil de votre itinéraire : un tahricht (ragoût d’abats épicés) en Kabylie, une doubara (ragoût de pois chiches et fèves pimenté) à Biskra, ou du méchoui (agneau rôti entier) lors d’un festin dans le Sud. En Algérie, le partage d’un repas est synonyme de convivialité : si l’on vous invite à manger, c’est un grand honneur et l’assurance de découvrir la gastronomie la plus authentique, celle des foyers algériens. Saha ftourkoum (bon appétit) comme on dit chez nous !

Climat et meilleure période pour partir

L’Algérie s’étend du 37ᵉ parallèle nord au tropique du Cancer, ce qui lui confère une variété de climats. Globalement, le nord du pays jouit d’un climat méditerranéen classique : hivers doux et humides, étés chauds et secs. Sur la côte, les températures hivernales oscillent autour de 10-15°C (avec des pluies fréquentes de novembre à mars), tandis qu’en été elles grimpent à 30-33°C avec un grand soleil.

Dans les massifs intérieurs (Kabylie, Aurès), le climat est plus contrasté : il peut neiger en hiver sur les sommets (il y a même une petite station de ski à Chréa, près de Blida), et l’été y est chaud mais orageux par moments. Le sud (Sahara) connaît un climat désertique extrême : très chaud en été (40-45°C courants en journée de juin à août, et parfois plus), et doux l’hiver en journée (20-25°C) mais froid la nuit (parfois 0°C au petit matin dans le Hoggar). La pluviométrie y est quasi nulle, sauf rares averses orageuses.

La meilleure période pour un voyage en Algérie dépend donc des régions que vous souhaitez visiter. De manière générale, les mi-saisons – printemps et automne – sont idéales pour avoir des conditions agréables partout. Avril-mai et octobre-début novembre offrent un excellent compromis : dans le nord, il fait 20-25°C avec des collines verdoyantes au printemps et encore chaudes à l’automne, et dans le désert les températures sont clémentes (25-30°C le jour, 10-15°C la nuit).

Le printemps a l’avantage des paysages fleuris, notamment à Tipasa, Djemila ou dans les vergers de Kabylie. L’automne apporte des fruits abondants (raisins, figues, grenades) et une eau de mer encore chaude pour se baigner jusqu’en octobre sur la côte. L’hiver (décembre à février) peut aussi être une bonne période pour se concentrer sur le Sud saharien : les journées y sont douces (parfait pour randonner dans le Tassili sans souffrir de la chaleur), et dans le nord, même s’il pleut un peu, on profite de sites vides de touristes et d’une atmosphère paisible. Alger en hiver oscille entre averses et belles journées ensoleillées à 15°C. Prévoyez juste un pull et un imperméable pour le nord, et des vêtements chauds pour les nuits dans le Sud.

L’été (juin à août) est la période de congés par excellence, donc vous ne serez pas seul : de nombreux Algériens de la diaspora reviennent au pays, ce qui anime les villes et stations balnéaires. Cependant, le thermomètre peut être éprouvant, surtout à l’intérieur des terres et au sud : on déconseille la visite des ruines romaines en juillet-août en pleine journée, de même que les treks dans le Sahara à cette époque. En été, privilégiez le littoral (festivals de musique en plein air à Oran, plages le long de la côte, soirées fraîches à la terrasse des cafés d’Alger). La capitale organise par exemple des festivals culturels en été (festival international de musique diwan en juillet, etc.). En Kabylie, l’été est synonyme de fêtes de village (mariages, moussem) où vous pourriez être convié si l’occasion se présente.

En résumé, pour un circuit couvrant tout le pays, la fin du printemps (avril-mai) ou le début de l’automne (septembre-octobre) sont les périodes reines. Vous éviterez ainsi les extrêmes climatiques et profiterez pleinement de chaque région. Pensez tout de même à cocher les dates des fêtes religieuses ou nationales, car certaines visites ou services peuvent être perturbés pendant ces jours (ex : durant l’Aïd el-Fitr, fêtes de fin de Ramadan, beaucoup de commerces ferment). Quelle que soit la saison choisie, l’Algérie vous accueillera avec son soleil – brillant ou dans le cœur des gens – et vous offrira une palette d’expériences inoubliables.

Les meilleures destinations d’Algérie en bref

Pour récapituler votre itinéraire, voici un tableau des destinations phares à visiter en Algérie, avec la période idéale pour chacune, les activités phares à y faire, et leur accessibilité pratique. Ce guide rapide vous aidera à planifier votre parcours selon vos centres d’intérêt et la saison.

DestinationPériode idéaleActivités pharesAccessibilité
Alger (capitale)Toute l’année (idéal printemps & automne)Visites culturelles (Casbah, musées), balade front de mer, sortie gastronomiqueVols directs internationaux fréquents. Réseau de transports urbains développé (métro, taxi).
Oran (côte ouest)Avril-juin, sept-octPlages (Aïn El Turk), fort de Santa Cruz, musique raï live, gastronomie de la merVols depuis l’Europe (France, Espagne). Train ou autoroute depuis Alger (~4h30). Taxis et bus locaux.
Constantine (est)Avril-mai, sept-octTraversée des ponts suspendus, monuments ottomans (palais Ahmed Bey), panorama gorgesVols domestiques depuis Alger (1h) ou train. Centre-ville à pied ou en taxi. Ville reliée par routes aux villes de l’est.
Tlemcen (nord-ouest)Avril-juin, sept-octArchitecture andalouse (grande mosquée), ruines de Mansourah, musique arabo-andalouseVols Alger-Tlemcen (1h30) ou route depuis Oran (~2h). Ville compacte, déplacements en taxi ou à pied.
Tipasa (centre, littoral)Mars-juin, sept-octSite archéologique romain en bord de mer, farniente plages alentours, fruits de merRoute depuis Alger (70 km, 1h de voiture ou bus). Petite ville, accessible à pied.
Timgad (Aurès)Avril-mai, sept-octRuines romaines (forum, arc de Trajan, théâtre), photo archéologie, randonnée collinesRoute depuis Batna (40 km) ou Constantine (110 km). Véhicule privé ou excursion organisée recommandé (peu de transports publics directs).
Djemila (Petit Kabylie)Mai-juin, septVisite du site romain et musée de mosaïques, balade nature autour, pique-nique champêtreRoute depuis Sétif (50 km) ou Alger (300 km). Véhicule privé conseillé (cars rares jusqu’au village).
Ghardaïa (M’Zab)Octobre-avrilDécouverte des ksour du M’Zab (architecture), marchés aux dattes et tapis, vie oasisVols domestiques depuis Alger (1h30). Bus possibles (8-10h de route). Déplacements guidés dans les villages (voiture ou à pied).
Tamanrasset (Hoggar)Octobre-marsExcursion Assekrem (lever de soleil), rencontres Touaregs, trek 4×4 dans le Hoggar, bivouac étoiléVols Alger-Tam (2h30) plusieurs fois par semaine. Sur place, 4×4 indispensable avec guide pour explorer (aucun transport public dans le désert).
Djanet (Tassili)Octobre-marsDécouverte art rupestre du Tassili (randonnée, méharée), dunes de l’erg Admer, soirées traditionnelles touarèguesVols Alger-Djanet (2h30) directs hebdomadaires. Circuits en 4×4 organisés depuis Djanet. Région isolée, accès contrôlé avec guide obligatoire.

Prêt pour l’aventure algérienne ?

De la Méditerranée au Sahara, des ruelles d’Alger aux dunes de Tamanrasset, un voyage en Algérie est une plongée dans un pays aux mille contrastes. Ce guide pratique vous a présenté les incontournables et les clés pour organiser votre séjour ; il ne reste plus qu’à franchir le pas et à vous envoler vers cette destination encore préservée du tourisme de masse. Attendez-vous à être surpris par la chaleur humaine des Algériens, à vous émerveiller devant des paysages grandioses et à enrichir votre bagage de souvenirs impérissables – qu’il s’agisse du goût d’une datte fondante savourée dans une palmeraie ou du silence du désert au crépuscule.

L’Algérie, forte de son histoire et de sa culture, s’ouvre aux visiteurs prudemment mais sûrement. Que vous voyagiez en mode aventurier dans le Grand Sud ou en curieux des villes et montagnes du Nord, vous trouverez en Algérie une authenticité rare et un parfum d’aventure. Pourquoi visiter l’Algérie ? Parce que peu de destinations offrent à la fois la mer et le désert, la montagne et les plaines, l’héritage romain et la culture berbère, le tout uni par une identité algérienne fière et attachante. Préparez votre itinéraire, n’oubliez pas votre appareil photo et votre esprit d’ouverture, et laissez-vous porter par la devise locale : « La patience est amère, mais son fruit est doux. » Bon voyage – ou plutôt, saha safarkoum ! (excellente route à vous).

You may also like